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  • Vou 132-133

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    VOULOIR n° 132-133

    Été 1996

    DOSSIERS : COMMUNAUTÉ - HEIDEGGER

     

    ◘ SOMMAIRE :

    • Éditorial : Itinéraire  (RS) [lire ci-dessous]

    COMMUNAUTÉ

    • Excursus sociologique chez les théoriciens américains de Piccone à Gross (C. Gambescia)
    • Le retour de la “Communauté” dans la pensée politique américaine (RS)
    • Un classique : “The Social Philosophers” de Robert Nisbet (RS)
    • Conservateurs et libertariens : un autre débat américain (RS)
    • Éthique et libéralisme : un autre débat américain (RS)
    •  Le retour de la “Communauté” (H. Ammon)

    ÉCONOMIE

    • Morale, argent et mutation de paradigme (RS)
    • L'individualisme, vecteur d'auto-destruction (RS)
    • Voies alternatives à la modernité économique (B. Notin)

    HEIDEGGER

    • Heidegger : la thématisation de l'Être et ses énigmes (C. Dufour)
    • Heidegger et la crise de l'université allemande (RS)
    • La philosophie politique de Heidegger (RS)
    • La Parole (JM Vivenza)

    LETTRES

    • L'idée d'Europe chez Hugo von Hofmannsthal  (J. Vujic)

     

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    Itinéraire
    :


    Lors de la dernière Université d'été de la FACE, dans le cadre de l'association Synergies Européennes, Stéphane Gaudin et moi-même avons traité du problème de la "subsidiarité" et nous l'avons replacé dans l'histoire de la pensée politique européenne, d'Althusius à Otto von Gierke et à Ferdinand Tönnies (cf. Nouvelles de Synergies Européennes n°17). Ce dernier, qui avait théorisé la notion de “communauté” et l'avait opposée à celle de “société”, connaît actuellement, dans le sillage du débat américain sur la community, un regain d'intérêt inattendu. En effet, la société américaine qui rassemble en elle toutes les caractéristiques négatives de la “société” théorisée par Tönnies, se rend compte, désormais, dans le chef de ses intellectuels les plus brillants, qu'elle fait fausse route. L'anomie généralisée, générée [produite] par l'individualisme effréné de ce modèle de civilisation, postule un retour à des ancrages sociaux plus petits, plus proches des individus, plus chaleureux et surtout plus familiaux. Déjà, certains activistes amérindiens et écologistes, tels Gary Snyder, Kirkpatrick Sale et Peter Berg, avaient théorisé le "biorégionalisme" (cf. Nouvelles de Synergies Européennes n°5 et n°9), couplant sur le plan conceptuel l'interrogation des vieux combattants du fédéralisme européen, regroupés autour d'Alexandre Marc et de Guy Héraud, à celle des écologistes les plus pragmatiques mais peu enclins à accepter les compromis des "realos" allemands. Le fondamentalisme anti-individualiste, hostile à cette vision d'un homme sans feu ni lieu (J. Ellul), ne vise en effet pas à accrocher les nouvelles initiatives sociales, comme les partis écologistes, aux vieux appareils vermoulus et corrompus des gauches établies. Mais ne devrait pas davantage sombrer dans un repli purement écotopique. L'écologie est une volonté de politiser les lieux, les sites où sont nées des cultures précises, à partir d'un humus particulier : elle ne saurait donc ignorer l'oeuvre culturelle, juridique et politique des hommes. La revendication politique et militante du statut des lieux et des particularités culturelles passe par une fusion de la tradition "subsidiariste", de la philosophie sociale de Riehl (comme le revendique H. S. Strelow, chef-de-file des écologistes indépendants allemands), des philosophies tellurocentrées de Carus à Klages, du régionalisme défendu par Alexandre Marc et Guy Héraud en France, du fédéralisme de G. Miglio en Italie, du biorégionalisme des nouveaux théoriciens américains, des idées d'Edward Goldsmith (gaïsme et vernacularisme), des travaux en profondeur effectués par la revue italienne de géophilosophie Tellus (de Catarina Resta et de Luisa Bonesio) assorti d'une réactualisation des politiques d'intéressement et de participation énoncées par Loichot au temps de De Gaulle, des thèses sur l'allocation universelle de Jean-Marc Ferry, de Philippe Van Parijs, de Michael Opielka et d'André Gorz. Généralement, ces idées généreuses, qui entendent réparer les dégâts du capitalisme et du libéralisme, sont pensées en dehors des cadres historiques particuliers. Dans notre optique, il ne s'agit pas de fusionner ces idées et d'en faire un corpus rigide, applicable en tous lieux sur la planète, mais de dégager autant de panachages conceptuels qu'il y a de communautés réelles sur la Terre. Les besoins de telle communauté montagnarde ne correspondent pas à ceux de telle communauté en marge d'un désert ou dans une vallée fertile. La “carte” politique de l'une ne sera donc pas la “carte” politique de l'autre. Mais le monde devra évoluer dans le sens des principes communautaires, afin qu'il devienne une “communauté de communautés”, selon les vœu des “communautariens” américains les plus conséquents (RS).