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  • Spengler par Roger Hervé

     

    Spengler-1917Oswald Spengler

    [Ci-contre : Oswald Spengler en 1917]

    Le 8 mai 1936, mourait à Munich l’un des hommes qui ont le plus fait, dans la crise profonde de la défaite allemande, pour maintenir intact le moral de son pays et rendre possible un redressement : celui que nous voyons se développer sous nos yeux. Cet homme est en outre un cerveau de premier ordre, un de ces savants gigantesques — comme il en apparaît quelques-uns au cours de l’histoire de l’Europe, depuis Roger Bacon jusqu’à Vinci, Descartes, Newton, … — sorte de Titan spirituel, sur les découvertes duquel repose, avouée ou non, une grande partie de l’orientation de la pensée contemporaine.

    Ce philosophe — puisque les travaux historiques d’Oswald Spengler sont en quelque sorte “enveloppés” dans une philosophie — a été cependant assez peu remarqué en France, dans la période qui a suivi immédiatement la Première Guerre mondiale (1). En Allemagne, son Déclin de l’Occident (Untergang des Abendlandes) a connu un succès sans précédent pour un ouvrage aussi sévère, puisqu’il dépasse aujourd’hui le 110e mille — succès d’actualité, mais également succès de profondeur. Le livre venait “à son heure”, au moment où la défaite semblait contredire les aspirations de la grande majorité des Allemands et les livrer au désespoir ; il leur démontrait, par l’alliance d’une immense érudition et d’une pensée rigoureuse, l’inanité de la philosophie du progrès généralement admise et les voies qu’ils devaient adopter désormais, s’ils voulaient se relever.

    Aujourd’hui, les idées de Spengler ont disparu au second plan, dépassées qu’elles sont par la poussée plus apparente des sentiments de race, des mystiques de l’ordre, voire même de la pure apologie de la force. Elles n’en subsistent pas moins dans le domaine intellectuel — face à l’expansion véritablement angoissante du raisonnement matérialiste dans la masse des peuples blancs — comme l’expression profonde et authentique de tous les jeunes mouvements révolutionnaires, de ceux qui ne veulent pas subir la “mécanisation” envahissante, et qui ne la subiront pas. Il serait temps qu’en France, et particulièrement en Bretagne, cet ensemble de découvertes de l’ordre psychologique soit pris à sa juste valeur, que l’âme celtique soit mise désormais, et maintenue irrémédiablement, en face d’un système qui lui est si intimement apparenté et qui, convenablement appliqué, peut faire jaillir son renouveau.

    Oswald Spengler est né en 1880, dans la petite ville de Blankenburg-en-Harz. De confession luthérienne, comme un grand nombre de ses compatriotes, il fit des études littéraires et scientifiques très complètes aux grandes Universités de Halle, Munich, Berlin, et il fut reçu docteur en philosophie en 1904 avec une thèse sur l’ancien penseur grec Héraclite d’Éphèse. Il nous raconte lui-même, dans l’Introduction de son grand ouvrage (paragr. 16), comment il fut amené, dans les années qui précédèrent la guerre de 1914, à concevoir toute l’étendue de son système de l’histoire (2). Les approches d’un grand conflit européen ne lui ont pas échappé ; cette marche fatale des événements l’inquiète : « En 1911, étudiant certains événements politiques du temps présent, et les conséquences qu’on en pouvait tirer pour l’avenir, je m’étais proposé de rassembler quelques éléments tirés d’un horizon plus large ». En historien, il tente de comprendre sans parti-pris, de s’expliquer les tendances actuelles à l’aide de son expérience des faits anciens : « Au cours de ce travail, d’abord restreint, la conviction s’était faite en moi que, pour comprendre réellement notre époque, il fallait une documentation beaucoup plus vaste. […] Je vis clairement qu’un problème politique ne pouvait pas se comprendre par la politique même et que des éléments essentiels, qui y jouent un rôle très profond, ne se manifestent souvent d’une manière concrète que dans le domaine de l’art, souvent même uniquement dans la forme des idées. […] Ainsi, le thème primitif prit des proportions considérables ».

    L’histoire de l’Europe lui apparaît dès lors sous un jour tout nouveau : « Je compris qu’un fragment d’histoire ne pouvait être réellement éclairci avant que le mystère de l’histoire universelle en général ne fût lui-même tiré au clair. […] Je vis le présent (la guerre mondiale imminente) sous un jour tout différent. Ce n’était plus une figure exceptionnelle, qui n’a lieu qu’une fois, mais le type d’un tournant de l’histoire qui avait depuis des siècles sa place prédéterminée ». Un système s’est fait en son esprit, qui ne lui laisse plus de doutes sur la marche générale de l’histoire — et point seulement celle de notre civilisation européenne : « Plus de doute : l’identité d’abord bizarre, puis évidente, entre la perspective de la peinture à l’huile, l’imprimerie, le système de crédit, les armes à feu, la musique contrapuntique et, d’autre part, la statue nue, la polis, la monnaie grecque d’argent, en tant qu’expressions diverses d’un seul et même principe psychique ». Chaque civilisation suit un cours qui lui est propre, avec une rigueur entière et véritablement impressionnante. Du même coup, il a saisi le sens profond de l’inquiétude de l’homme moderne et il en ressent comme une assurance, délivré qu’il est de ses manifestations multiples et contradictoires :

    « Une foule de questions et de réponses très passionnées, paraissant aujourd’hui dans des milliers de livres et de brochures, mais éparpillées, isolées, ne dépassant pas l’horizon d’une spécialité, et qui par conséquent enthousiasment, oppressent, embrouillent, mais sans libérer, marquent cette grande crise. […] Citons la décadence de l’art, le doute croissant sur la valeur de la science ; les problèmes ardus nés de la victoire de la ville mondiale sur la campagne : dénatalité, exode rural, rang social du prolétariat en fluctuation ; la crise du matérialisme, du socialisme, du parlementarisme, l’attitude de l’individu envers l’État ; le problème de la propriété et celui du mariage, qui en dépend. […] Chacun y avait deviné quelque chose, personne n’a trouvé, de son point de vue étroit, la solution unique générale qui planait dans l’air depuis Nietzsche. […] La solution se présenta nettement à mes yeux, en traits gigantesques, avec une entière nécessité intérieure, reposant sur un principe unique qui restait à trouver, qui m’avait hanté et passionné depuis ma jeunesse et qui m’affligeait, parce que j’en sentais l’existence sans pouvoir l’embrasser. C’est ainsi que naquit, d’une occasion quelque peu fortuite, ce livre… Le thème restreint est donc une analyse du déclin de la culture européenne d’Occident, répandue aujourd’hui sur toute la surface du globe ».

    Tout l’essentiel de la théorie spenglérienne de l’histoire est exposé en trois tableaux synoptiques, au début du premier tome de son Déclin de l’Occident (3) : on y suit une comparaison systématique du développement, sur 1.000 années environ, des deux civilisations gréco-romaine (Antiquité) et européenne (Occident), du triple point de vue de la pensée abstraite, de l’art et des formes du gouvernement. Il en ressort la notion de l’âge des civilisations : une phase de jeunesse, notre Gothique (Moyen Âge), à laquelle succède la maturité, notre Baroque (Époque Moderne), puis la vieillesse au milieu de laquelle nous vivons (Époque Contemporaine). C’est la même succession des formes doriennes, puis ioniennes, puis « romaines » dans le monde méditerranéen depuis les temps homériques jusqu’à l’avènement d’Auguste. Des parallèles avec ce que nous savons des philosophies hindoues, de l’art égyptien ou des révolutions de l’ancienne Chine confirment cette impression du « cyclisme » de l’histoire humaine.

    Le corps même de l’ouvrage n’est qu’une longue et savante justification de ce qui vient d’être avancé : justification métaphysique, en un premier tome, de divers problèmes logiques soulevés par un pareil système ; en particulier celui de la continuité de la notion de Nombre à travers les diverses civilisations ; d’autre part, la définition de l’idée historique du Destin face à la Causalité scientifique… Un second tome renferme la justification érudite de plusieurs des assertions historiques du système : en particulier, l’existence d’une civilisation « arabe » durant le premier millénaire de notre ère, qui est en effet l’époque de floraison des grandes religions universelles de souche « sémitique » (christianisme, manichéisme, islam, judaïsme talmudique) (4). Spengler ne distingue pas moins de huit grandes civilisations qui se sont succédé en divers points du globe jusqu’à nos jours : civilisations égyptienne, mésopotamienne, chinoise, hindoue, gréco-romaine, orientale-arabe, mexicaine et occidentale-européenne, celle que nous vivons encore. Il tend à réserver le nom de « culture » à la période première de ces civilisations, pleine encore de sève et d’invention, pour laisser plus spécialement le nom de « civilisation » à leur phase de dissolution, quand disparaît, dans l’impuissance, tout ce que des ancêtres vigoureux ont créé.

    Il ne convient pas de surestimer l’originalité du système : pareil sentiment du cycle, de la fatalité, se retrouve à travers toute la spéculation germanique, voire même européenne, depuis la foi calviniste en la prédestination jusqu’au mythe nietzschéen du « retour éternel ». Et l’ancienne littérature des Celtes d’Irlande n’est-elle pas l’expression la plus absolue de ce sens du destin, héroïquement accepté ? C’est Spengler lui-même qui nous avertit de ce qu’il doit à Nietzsche, dont il a seulement, dit-il, « changé les échappées en aperçus ». De façon plus générale, cette pensée d’historien se rattache à tout le mouvement de spéculation sur le temps, sur la durée, aux diverses “philosophies de la vie” fort en honneur depuis le début du siècle et dont H. Bergson serait, en France, le plus illustre représentant (L’Évolution créatrice). W. Dilthey, en Allemagne, s’était engagé dans des voies similaires dès 1883, par sa curieuse Introduction aux sciences morales. Nombreux ont été les historiens, les ethnologues allemands qui, dans le même temps, se sont efforcés de rechercher les lois de l’histoire universelle d’accord avec les résultats les plus poussés des sciences d’érudition : notons le grand explorateur africain Leo Frobenius, auteur d’un ouvrage fort remarqué (5). À Spengler était réservé, semble-t-il, de les trouver et de les exprimer, pour la première fois, avec une netteté irréfutable (6).

    Là réside la nouveauté absolue de l’œuvre, comme sa valeur immense dans le domaine de la pensée non moins que de la pratique. Avant lui, bien des penseurs, depuis Montesquieu, Herder… jusqu’à Hegel et Auguste Comte plus près de nous, s’étaient bien hasardés à esquisser une “philosophie de l’histoire”, très littéraire encore. Karl Marx s’était approché le plus près d’une rigueur scientifique, dans son Capital, lorsqu’il avait bâti toute une interprétation de l’histoire moderne sur la loi du « matérialisme historique ». Heinrich Rickert, voici quelques années, avait, d’autre part, parfaitement défini en logique les conditions et les limites de toute interprétation de l’Histoire. De là au système d’idées absolument clos et, de plus, parfaitement concret, tangible, expérimentable, que forme l’intuition spenglérienne, il y a un monde ! C’est une forme nouvelle de pensée, un instrument nouveau que Spengler met entre les mains des peuples blancs, une exploration dans le domaine du temps : non pas une quelconque magie, il s’agit de possibilités psychologiques nouvelles que dégage aussitôt en nous la conscience de la fin pressante de la civilisation que nous subissons, en particulier celle d’envisager de sang-froid les rapports des diverses nations et races de la planète… La possession de l’histoire entière est mise au service de notre avenir.

    Il ne faut voir là rien d’autre que la réplique, à trois siècles de distance, à l’exploration tentée dans les espaces sidéraux par les premiers astronomes munis d’instruments à longue portée. « Une découverte copernicienne sur le terrain de l’Histoire », a-t-on pu dire (voir le § 6 de l’Introduction). Spengler doit ce sens aigu de la relativité des événements à l’intérêt qu’il porte aux civilisations exotiques, non classiques, si souvent négligées par les historiens. Pour lui, une création en vaut une autre : l’architecture de l’ancienne Égypte n’est pas inférieure en subtilité à notre calcul infinitésimal, la vieille morale de Confucius pas moins positive que toute la sophistique rationnelle des socratiques… Il ne craint pas de mettre en parallèle, pour leur rôle moral, le bouddhisme primitif, le stoïcisme antique et notre socialisme contemporain, ni de distinguer soigneusement, dans notre système juridique, l’apport de la « jurisprudence » antique, celui des « codes » impériaux romano-byzantins et le « droit coutumier » de type anglo-normand. Le coup d’œil est devenu sans parti-pris, mais combien plus pénétrant !

    Ce n’est pas aujourd’hui encore que sera saisie dans son ampleur la répercussion révolutionnaire de pareilles nouveautés dans le monde des idées, ou — pour parler métaphysique — la possibilité d’ériger désormais en un système viable le monde intuitif des poètes, « l’univers-histoire », en face de « l’univers-nature », du règne de la science, si exclusivement tyrannique encore à l’heure actuelle (l’opposition est esquissée au chapitre 2 du tome I). Mais, au simple contact de ces doctrines, des sentiments confus se réveillent en nous, un monde mystique tend à reparaître, qui dut exister dans la foi du Moyen-Âge et que l’éducation classique de la Renaissance avait peu à peu enfoui. Car enfin, est-ce bien le livre qui a bouleversé le monde d’après-guerre ? Ou n’est-il pas seulement le premier éclat, la première et insolite traduction littéraire de cette résurrection de l’âme du vieux Nord « gothique », voire même païen, qui tend à se faire jour avec la violence d’un élément ? (7).

    Le tome I du Déclin de l’Occident parut en 1918 et Spengler en dédiait alors la préface aux armées allemandes, espérant que le livre ne serait pas « tout à fait indigne des sacrifices militaires ». Après l’écroulement, parmi « la misère et le dégoût de ce temps », l’édition de l’ouvrage tout entier (1922) apparut d’abord comme un instrument de combat.

    Et une comparaison s’impose ici avec 1806 : comme à cette époque de l’histoire allemande, au milieu de la débâcle et du désarroi des autorités, les intellectuels et les professeurs d’Université restèrent seuls à leur poste de combat, hormis la Reichswehr, dont l’action secrète de redressement s’apparente de près, d’ailleurs, à l’œuvre de Scharnhorst ! Coup sur coup, de 1919 à 1926, développant dans un esprit pratique et immédiat ses perspectives historiques, Spengler donnait une série de brochures d’actualité, réunies par la suite dans le volume de ses Écrits politiques (8). Il y a là, en moins romantique et avec l’assurance d’une expérience mûrie, comme un nouveau Discours à la nation allemande (9).

    L’époque est dure, les causes de déclin analysées précédemment commencent à produire des effets alarmants, et non seulement en Allemagne : exemple, la révolution bolchevique. Il est temps que les générations nouvelles soient élevées en rapport avec les vues nouvelles sur le destin de leur nation, c’est-à-dire en soldats, comme furent élevés les Romains en face des Grecs devenus jouisseurs et lettrés.

    « Je ne suis pas de cet avis. […] Nous avons à compter avec les faits durs et sévères d’une vie tardive, qui n’a pas son pendant dans Athènes de Périclès, mais dans Rome des Césars. Pour l’Européen occidental, il ne sera plus question d’une grande peinture ou d’une grande musique. Ses possibilités architectoniques sont épuisées depuis cent ans. Il ne lui reste plus que des possibilités extensives. Mais alors, je ne vois pas quel inconvénient il y aurait à informer à temps une génération, active et gonflée d’espérances sans borne, qu’une partie de ses espérances la mènerait à un échec certain. Quand bien même ses espérances lui seraient très chères, celui qui est digne de quelque chose finira par triompher. […] Je considère donc ma doctrine comme une grâce pour les générations futures, car elle leur montre ce qui est possible, et donc nécessaire, et ce qui n’appartient pas aux possibilités du temps. Jusqu’ici, l’on a gaspillé sur de fausses voies une somme inouïe d’esprit et de force. […] Si, sous l’impression de ce livre, les hommes de la génération nouvelle se tournent vers la technique au lieu de la poésie lyrique, vers la marine au lieu de la peinture, vers la politique au lieu de la philosophie, ils auront accompli mon désir » (10).

    Ces pages nous mettent dans l’orientation essentielle de la politique spenglérienne, telle qu’on la trouve développée dans ses essais Prussianisme et Socialisme (Preussentum und Sozialismus, 1919), Devoirs politiques de la jeunesse allemande (Politische Pflichten der Deutschen Jugend, 1924), Reconstruction de l’Empire allemand (Neubau des Deutschen Reiches, 1924) : premièrement, faire des hommes, former des caractères trempés qui soient capables d’envisager et de surmonter les difficultés inouïes que l’Histoire annonce. Comme la République, un jour, n’eut plus besoin de savants, l’Allemagne n’a plus besoin de ses poètes, qui pourtant firent son charme et sa célébrité. Car, devant le danger de décomposition qui la menace, et avec elle tous les peuples blancs, l’Allemagne doit montrer l’exemple, serrer les rangs et se raidir dans une attitude militaire, sa seule sauvegarde !

    Voilà une brève analyse de conseils beaucoup plus nuancés non moins que solidement établis, et qui vont jusqu’à envisager d’utiliser la solidarité ouvrière, le « socialisme », pour renforcer la discipline prussienne défaillante ! Ne trouve-t-on pas dans ces écrits, quinze ans à l’avance, comme une prévision de l’œuvre entière d’éducation à laquelle s’adonne aujourd’hui le Troisième Reich et qui commença d’être appliquée dès avant, dans l’armée, dans l’industrie ? On ne peut dire qu’elle soit issue entière du cerveau de Spengler : d’autres penseurs, d’autres réformateurs ont travaillé dans le silence à forger la masse idéologique de la nouvelle Allemagne, un Moeller van den Bruck, par exemple, dont le livre Le Troisième Reich a donné sa formule au NSDAP, sans omettre les “racistes”, dont Spengler n’était pas (11). Mais il est certain que, durant cette période de la République de Weimar, notre philosophe, désormais célèbre, se dépensa en conférences, eut des contacts avec de nombreuses personnalités dirigeantes et, s’il n’adhéra jamais à aucun des partis nationalistes, il mit toute son autorité au service de leurs idées.

    On retrouvera sa pensée politique, plus nette encore, sinon plus, durement exprimée, dans un dernier ouvrage, paru en juillet 1933 : Les années décisives (Jahre der Entscheidung, 1933). Nouveau livre « occasionnel », nouveau succès de librairie, qui dépasse aujourd’hui le 160e mille. Pour Spengler, l’Allemagne est « en danger » (in Gefahr), elle n’a pas cessé de l’être, même après l’avènement du gouvernement national-socialiste, cependant désiré par lui de toutes ses forces. Et tout le livre — qui attend un deuxième tome — est bâti en forme de conseils d’un « ancien » à ses jeunes héritiers, de l’inexpérience desquels il se méfie. Spengler craint de n’avoir pas été compris dans le fond de sa pensée d’historien, de ne l’avoir été que superficiellement, et il le dit à plusieurs reprises : « Voilà ce que j’ai dit et ce que j’ai écrit, non pour l’instant présent, mais pour l’avenir. Je vois plus nettement que d’autres parce que je pense de façon indépendante, libre des partis, des tendances et des intérêts » (préface des Écrits politiques). Toute la préface de l’édition française sera à lire pour bien comprendre la rigueur de son sens politique, nourri des enseignements des anciennes classes dirigeantes (12). Livre passionnant, non moins par la violence calculée de la forme que par la vue pénétrante, prophétique, et « sans rémission », de l’évolution des vingt ou cinquante années à venir (13).

    On ne peut songer, dans cet article, à donner même un aperçu de l’ouvrage. Les jugements émis sur la France sont particulièrement impitoyables et caricaturaux, sur les hommes politiques allemands aussi. Qu’il nous soit permis de noter ici que Spengler se fonde sur les postulats dégagés au cours de ses précédents essais : distinction de deux types psychologiques de l’homme du Nord, l’un tourné vers le commerce, de sens pratique, d’esprit démocrate, « anglais » de préférence et qui a dominé jusqu’ici, l’autre que l’on peut appeler « continental », « prussien », qui est plus rustique, d’âme essentiellement militaire et chevaleresque. Autre postulat : la Russie ne doit pas être considérée comme faisant partie de l’Europe, elle est même probablement l’amorce d’une nouvelle grande civilisation à venir, non européenne celle-ci, qui s’étendra sur les plaines du nord de l’Eurasie ; malgré les apparences ultra-modernes, rien de ce qui s’y élabore ne doit être jugé avec nos habitudes d’esprit occidentales ; songez plutôt à Dostoïevski (14). La crise économique enfin : l’étude des causes de la catastrophe de l’économie libérale, comme aussi de la révolution prolétarienne, forme le corps principal de l’ouvrage et elle est menée sans le désir de plaire spécialement aux idées reçues sur « le rôle de l’ouvrier dans la société moderne » !

    Nous retiendrons pour nous les conclusions : « L’Allemagne est le foyer du monde, non seulement à cause de sa situation géographique, mais encore parce que les Allemands sont assez jeunes pour se sentir profondément touchés par les problèmes du devenir mondial, pour les formuler et les trancher ; tandis que les autres peuples sont devenus trop vieux et trop raides pour leur opposer autre chose qu’une vague résistance ». Mais comment cette nation, en perpétuel chaos, sera-t-elle à même de « devenir l’éducatrice du monde blanc » ? Sans doute une riposte s’est-elle dessinée déjà pour surmonter la révolution grandissante ; elle a nom le fascisme : celui-ci est tout entier la création personnelle d’un l’homme, Mussolini, le seul grand chef politique de l’Europe actuelle (15).

    Mais il faut voir plus à fond et plus loin. Les faits de l’Histoire marchent vite. Et il ne faut point se laisser prendre aux apparences, aux mœurs et habitudes démocratiques qui survivent, même à l’intérieur du fascisme.

    « Voilà pourquoi ce seront les armées et non les partis qui constitueront la forme du pouvoir à l’avenir, armées d’un dévouement sans bornes, telles que Napoléon n’en avait plus depuis Wagram ». Seul compte, en définitive, et comptera de plus en plus, l’esprit guerrier, le dévouement inébranlable à un chef reconnu et suivi. Suit une définitive reprise et plutôt heurtée de I’esprit prussien, considéré comme « abnégation par décision libre ; c’est la soumission d’un Moi fort à un grand devoir ou à une grande mission ; c’est un acte de la maîtrise de soi. […] L’esprit prussien est un esprit très aristocratique, dirigé contre toute sorte de majorité et contre le règne de la plèbe, et surtout contre les qualités grégaires : parler peu, travailler beaucoup, être plus que paraître ».

    Il faut aux peuples blancs « une éducation que j’appelle prussienne, une éducation qui réveille la force endormie par un exemple vivant, non pas une école, ni le savoir, ni l’instruction, mais une discipline morale qui fasse remonter à la surface ce qui existe encore, qui le fortifie et le mène à un épanouissement nouveau. Nous ne pouvons nous permettre d’être fatigués ». Et quoi donc fait en définitive le fond de cet esprit prussien, en lequel Spengler ne voit d’ailleurs pas le privilège exclusif du peuple allemand ? Ce fond, c’est l’individualisme, la solitude grandiose des âmes fortes devant le monde. « Il existe un sentiment nordique du monde, plein de joie justement à propos de l’amertume de la destinée humaine. […] La race celte-germanique est la race la plus volontaire que le monde ait jamais connue. Mais ce “je veux” — je veux — qui remplit l’âme faustienne jusqu’aux bords, a éveillé la conscience de la solitude complète du Moi dans l’espace infini. Volonté et solitude sont, au fond, une seule et même chose ». L’âme des grands féodaux de jadis n’est pas morte, et elle peut être ranimée. « L’homme politique du Nord en a conçu un immense dépit envers la réalité. "Tu as confiance en ton épée plus qu’en Thor", lit-on dans une saga islandaise. Si quelque chose dans le monde peut s’appeler individualisme, c’est bien ce dépit d’un seul contre le monde entier, cette conscience de sa propre volonté inflexible, la joie des décisions ultimes et l’amour du destin, même à l’instant où l’on est brisé par lui. Et prussienne est la soumission par volonté libre ». Pour terminer, l’appel classique de l’Allemagne à la victoire militaire : « Le césarisme de l’avenir ne persuadera point, il vaincra par les armes ».

    On saisit toute la différence entre cette âme froissée, mais restée conquérante, et notre barbarie proprement celtique. D’ailleurs, le rôle latent des populations de race celtique à travers l’Europe est laissé dans l’ombre, la possibilité du réveil d’un sentiment religieux propre aux peuples du Nord est volontairement négligé, si ce n’est quelques allusions voilées au christianisme, au renoncement à l’idéal batailleur (16).

    Ne nous bornons point là. Laissant les écrits politiques de Spengler, il nous faut reprendre l’élaboration de son travail philosophique à partir de l’ouvrage initial. Les critiques n’avaient pas manqué, d’ailleurs, surtout de la part des historiens, et ce n’est pas dans l’unanimité que fut reçue l’hypothèse du « déclin de l’Occident », faute d’avoir été exactement saisie, voire surtout ressentie, par des hommes d’une formation purement académique. D’autre part, Spengler, développant sa découverte, fut amené à concevoir le plan d’une grande Histoire de l’Homme depuis ses origines qui fut en réalité une gigantesque histoire de l’âme humaine, du développement psychologique à partir de l’animalité, en même temps qu’une réplique aux vues plus ou moins matérialistes de ses détracteurs. C’est de cette œuvre en chantier que plusieurs fragments ont été détachés par l’auteur, dans la fièvre d’événements de ces dernières années.

    D’abord, un opuscule intitulé : L’Homme et la technique, contribution à une philosophie de la vie et paru en 1931 (17). C’est le plan même de l’ouvrage ; l’histoire de l’espèce n’y est plus considérée des hauteurs un peu dédaigneuses de l’éducation humaniste comme histoire du développement intellectuel et moral ; elle serait plutôt dégagée à même les processus inférieurs de la vie, plante, animal, etc. : quelle est la signification profonde de la technique — outil primitif aussi bien que machine moderne — entre les mains de l’espèce Homme ? Question jamais envisagée sous cet angle, ni surtout dans ses conséquences dernières, quoique la philosophie bergsonienne l’ait déjà soulevée et traitée en plusieurs de ses aspects, par exemple le problème de l’outil (18).

    L’ensemble du livre est bâti sur ce thème. La qualité du style, la précision des formules y rachètent ce qu’il y a d’excessivement bref dans l’exposé. Pour résumer — et quelque peu simplifier — disons que l’ensemble de l’histoire humaine, surtout de l’homme civilisé, forme un grand cycle : sur un fond de primates encore carnassiers, les premiers chasseurs néandertaliens, l’Homme apparaît brusquement au Néolithique, capable d’entreprises et de constructions, et ceci par le fait d’une véritable découverte. C’est l’invention du langage, cette liaison auditive dont la nature n’a jamais été élucidée puisqu’elle est inséparable du fait de la vie en société ; de là le sens religieux qui reste lié à son acquisition, à sa diffusion, le problème de ses origines. […] C’est le temps des débuts de la monarchie thinite (Égypte) et de Sumer (Chaldée), vers 3000 avant Jésus-Christ. Depuis, le rythme de la grande histoire se précipite : après une sorte de culmen, période harmonieuse de la civilisation « raisonnable » (Antiquité gréco-romaine) et des grandes religions « spiritualistes » (bouddhisme, christianisme, islam), voici surgir une nouvelle culture, combien plus gigantesque mais fragile également. Dépassant la sagesse des rationalistes, c’est une nouvelle espèce d’hommes que l’on voit, dès les cloîtres du Haut Moyen-Âge, s’attaquer à l’exploration du monde de la nature dans le but dernier de se l’assujettir ; ces hommes peuvent être dits des « pirates de l’esprit » (Wikinger des Geistes) ! « Penser non pas dans l’intention d’obtenir une simple théorie, une image de ce que l’on ne connaît pas, mais rendre les secrets du monde extérieur soumis à des buts définis ». Non plus le simple pillage de la matière anorganique, mais son jugulement intime, dans ses forces, afin de s’en servir. Comme critérium unique : l’expérience. « Déjà, Roger Bacon et Albert le Grand ont médité sur les machines à vapeur et les aéronefs. Et beaucoup s’ingéniaient dans leurs cellules de moines autour de l’idée du mouvement perpétuel » (19).

    Spengler affirme que nous vivons actuellement la fin de cette culture. Il aperçoit une série de faits alarmants : l’homme d’Occident est dépassé par son invention propre, la mécanique. Il ne la contrôle plus. Il y a des symptômes très nets d’une mécanisation excessive de l’existence en même temps qu’une fêlure fondamentale dans le gigantesque édifice de la civilisation industrielle. Même la lassitude est venue de la machine, chez ceux qui seraient, par contre, supérieurement doués. L’espèce sera-t-elle assez puissante pour se créer, ailleurs, une autre forme de vie, une dernière culture ? Spengler n’ose en être sûr.

    De toute façon, nous, Occidentaux, devons vivre notre destin tel qu’il est — il est lâche de chercher à ne pas voir, et cela reste d’ailleurs entièrement sans effet —, nous devons le vivre, héroïquement : « Nous sommes nés en ce temps et devons courageusement achever le parcours qui nous est destiné. Il n’y en a pas d’autre. Persévérer aux avant-postes, sans espoir de salut, c’est le devoir. Tenir, comme ce soldat romain dont les ossements ont été trouvés devant une porte à Pompéi, lequel mourut parce que, lors de l’éruption du Vésuve, on avait oublié de le relever de sa garde. Cela est la grandeur, cela s’appelle avoir de la race. Cette fin honorable est l’unique chose qui ne puisse être enlevée à l’homme » (20).

    Et ce n’est point tout. Il n’y a pas lieu de rester sur ces visions d’Apocalypse. Nous sommes en 1934. Dans l’Allemagne, désormais redressée, le philosophe s’est remis à ses travaux historiques. Nous indiquerons ici un long article d’érudition intitulé : Tartessos et Alaschia, traitant de l’histoire du deuxième millénaire avant notre ère, principalement de la Crète de Minos (21). Il est l’aboutissement d’un essai projeté sur les « Pré-cultures », sur la phase d’origine des grandes civilisations… Comme Bretons, il nous intéresse particulièrement par ce qu’il nous apprend des recherches de Spengler sur la préhistoire de l’Europe.

    Fidèle à sa méthode d’histoire psychologique, l’auteur esquisse deux attitudes de vie qu’il estime fondamentales chez les « Barbares hyperboréens » : d’une part, le sentiment qu’il appelle « occidental », qui est celui des constructeurs des mégalithes et qui se caractérise par le culte des morts. Les affinités sont indéniables avec l’Égypte pharaonique. Malgré leur âme pacifique, ces gens nous ont légué plusieurs inventions audacieuses, en particulier le navire de haute mer. D’un autre côté, le sentiment « nordique », ou « continental » : c’est celui des peuples nomades des grandes plaines eurasiatiques, monteurs de chars. C’est une morale de guerriers, qui ne connaissent que la mort brutale sur le champ de bataille. Par contre, ils ont développé l’abstraction, qui s’exprime déjà dans l’ornementation toute spiralique et géométrique de leur matériel. Ce fond psychologique est très ancien, bien antérieur à toutes les connaissances proprement historiques sur les Celtes et sur les Germains. On remarquera qu’un des sentiments est voisin de celui de l’Église catholique, tandis que l’autre serait plus conforme à l’esprit de la Réforme protestante. Spengler gardait en notes un essai de Métaphysique. Cependant, le sentiment de son éloignement d’avec les jeunes générations le minait, comme aussi la somme d’efforts dépensée depuis des années. Il est mort solitairement, méconnu par beaucoup, presque oublié par d’autres, à l’âge de 56 ans… Fin attristante pour un homme de ce renom, mais très en rapport aussi avec la conduite d’une existence tout entière marquée d’un caractère tragique.

    ► Article de Roger Hervé paru sous le pseudonyme R. Glémarec dans la revue Stur n°11, oct. 1937, pp. 15-30. Repris dans la brochure : Actualité de Spengler, CEF, 1983.

    Roger-Herve♦ Sur l’auteur : Roger Hervé, agrégé de l’Université, ancien assistant au Musée ethnographique du Trocadéro, conservateur honoraire à la Bibliothèque nationale, est décédé fin novembre 1997 à Paris, à l'âge de 93 ans. Il appartenait depuis de longues années au comité de patronage de Nouvelle École. Il était né en 1904 au Havre, de père breton et de mère flamande, dans une famille de fonctionnaires des finances. Il avait fait ses études à la faculté des lettres de Rennes à partir de 1921, et avait passé son agrégation d'histoire et géographie en 1926. Il fut successivement professeur aux lycées de Brest, Amiens, Saint-Brieuc, ainsi qu’à Pontivy, où il se lia avec l’écrivain normand Fernand Lechanteur. Proche d’Olier Mordrel, Franz Debauvais et Yann Poupinot, il participa dans les années 30 aux activités du mouvement breton, sur lequel il exerça une forte influence d'ordre culturel à partir de 1937. Il publia notamment, sous les pseudonymes de Glémarec et Katuvolkos, plusieurs articles de fond dans les revues Stur et Nemeton. Nommé en 1969 conservateur à la Bibliothèque nationale, il y joua un rôle particulièrement important au département des cartes et plans. Il publia notamment plusieurs études sur des cartographes anciens, dont Nicolas de Nicolay, et sur les plans des forêts de Colbert. On lui doit aussi le Catalogue des cartes géographiques sur parchemin conservées au département des cartes et plans (Bibliothèque nationale, 1974), ainsi qu'un travail faisant suite à l'étude critique des cartes dieppoises et apparentées, Découverte fortuite de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande par des navigateurs portugais et espagnols entre 1521 et 1528 (éd. du CTHS, 1982), ouvrage dont une traduction anglaise a paru en Nouvelle-Zélande en 1983. Il fut également le coauteur, avec Yann Poupinot, de l’Atlas historique de la Bretagne, dont la plus récente édition a paru chez J.M. Willamson en 1995. Devenu presque aveugle à la fin de sa vie, Roger Hervé avait travaillé pendant près d’un demi-siècle à un vaste projet de livre consacré à l’œuvre d’Oswald Spengler, dont il se proposait d’actualiser les vues concernant la morphologie des grandes cultures historiques. L'ouvrage devait s’intituler L’histoire et les théories cycliques et comprendre deux volumes (Oswald Spengler et la pensée contemporaine, Quelques précisions de temps et de lieux). Ce projet n'a malheureusement jamais pu être mené à bien. Roger Hervé en avait esquissé les grandes lignes dans une brochure intitulée Actualité de Spengler, publiée en 1983 par le Cercle d’études fédéralistes. (Alain de Benoist, Nouvelle École n°51, 2000)

    actualite-spenglerNotes :

    • 01. On lira cependant l’excellent ouvrage d’André Fauconnet : Un philosophe allemand contemporain : Oswald Spengler, le prophète du “déclin de l’Occident”, Paris, Alcan, 1925 [recension]. Il analyse clairement la première série des écrits du philosophe et est fort apprécié jusqu’en Allemagne. De même : E. Vermeil, Doctrinaires de la révolution allemande, 1918- 1938, Paris, Sorlot, 1939, livre 1, chap. 2, pages 81-126 : la construction d’Oswald Spengler.
    • 02. Voir pages 89-95 du tome 1 de l’édition française.
    • 03. Traduction française de M. Tazerout : Le déclin de l’Occident : Esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle, Paris, Nouvelle revue française, Bibliothèque des idées, 1931-1933, 2 tomes en 5 volumes.
    • 04. Tome 1 : Forme et réalité, 665 p. Tome II : Perspectives de l’histoire universelle, 771 p.
    • 05. Paideuma (1921). C’est une démonstration savante de la réalité de I’« âme collective » des civilisations, même actuelles.
    • 06. On trouvera une critique de la théorie spenglérienne du cycle, critique qui ne dépasse pas des objections très superficielles, du point de vue rationaliste, par H. Sée : Science et philosophie de l’Histoire, Paris, Alcan, 1928, p. 172 ; du point de vue catholique, par Ch. Dawson : Progrès et religion, Paris, Plon, 1935, pages 29 et suivantes.
    • 07. Spengler avoue lui-même le caractère profondément nécessaire de sa doctrine et de son livre : « Car il ne s’agit pas d’une philosophie possible à côté d’autres, mais de la philosophie, en quelque sorte naturelle, obscurément pressentie par tous. Cela soit dit sans vantardise. Une pensée d’une nécessité historique, par conséquent qui ne tombe pas dans une époque, mais qui fait époque, n’est que dans une mesure restreinte la propriété de celui à qui échoit son droit d’auteur. Elle appartient au temps tout entier » (préface de la première édition).
    • 8. En allemand : Politische Schriften, publié à Munich, chez C.H. Beck, 1933.
    • 09. Le manifeste lancé en 1810 par le philosophe Fichte, alors professeur à l’Université de Berlin, a grandement contribué à soulever les esprits contre la domination napoléonienne.
    • 10. Conseil s’appliquant à l’Allemagne ; il serait moins juste à propos de la Bretagne, qui n’a pas encore donné sa grande floraison, qu’elle soit littéraire-artistique, voire mystique-religieuse.
    • 11. Sur le mouvement intellectuel qui a soutenu le Troisième Reich, se reporter à l’ouvrage de A. Decléene : Le règne de la race , Éditions Fernand Sorlot, Paris, 1936, et au compte rendu qui en est donné dans Stur n° 7-8, p. 108.
    • 12. Traduction française de R. Hadekel : Années décisives : L’Allemagne et le développement historique du monde, Paris, au Mercure de France, 1934 (rééd. par A. de Benoist, Paris, Copernic, 1980).
    • 13. Voir, page 39, le paragraphe Grandeur de l’époque : « Car nous vivons dans une grandiose époque. Toute la civilisation de l’Occident n’en a jamais connu, ni n’en connaîtra de pareille : c’est celle que le monde antique a connue dans l’intervalle entre Cannes et Actium. […] La forme du monde sera de nouveau bouleversée de fond en comble, comme jadis au début de l’Empire romain. […] L’époque est immense, mais les hommes n’en sont que plus petits ».
    • 14. Sur le monde russe, voir pages 95-98.
    • 15. Sur la nature du fascisme, voir pages 249-256.
    • 16. Voir surtout pages 41-42. On lira à ce sujet mon essai complémentaire : R. Glémarec, « Le mythe celtique enchanté », dans Stur n°14, Quimper, t. V, juil.-sept. 1938, pp. 19-43 (version allemande : « Vom Keltischen Mythos », dans Germanien, n°9, t. XIV, sept. 1942, pp. 301-312).
    • 17. En allemand : publié à Munich, chez C.H. Beck, 1931. Traduction française par A. Petrowski, Gallimard, 1958.
    • 18. Cf. Évolution créatrice (1908), opposition de Homo Faber et de Homo Sapiens.
    • 19. Voir paragraphe 11, dans le chapitre : « Essor et chute de la culture mécanique ».
    • 20. Paragraphe final du livre.
    • 21. Paru en allemand dans le recueil de ses Discours et articles (Reden und Aufsatze), Munich, C.H. Beck, 1938, qui renferme aussi le texte de sa dissertation sur Héraclite. Consulter pages 163-166, 179-182, 216-220 (traduction française partielle comme Écrits politiques et philosophiques, publiée par A. de Benoist, Paris, Copernic, 1980).